Marie-Thérèse & Ghislain Doche

 
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87 ans, née aux Lèves-et-Thoumeyragues
94 ans, né à Cunèges
« Faut continuer à faire des essais. »
 
-V- Vous êtes nés où ?
-Marie-Thérèse- Je suis née très loin… Ici. Dans la maison. Mes parents ont acheté cette propriété en 1928. Mon père était du Périgord et ma mère aussi. Mon père après Sarlat et ma mère au Bugue. Il sont venu ici parce qu’il n’y avait rien pour vivre là-bas. Mon père, lui, est venu après la guerre de 14 parce qu’il avait un frère qui habitait les Martineaux, qui a été tué à la guerre de 14. Et il est venu voir sa belle sœur. Puis finalement, il a rencontré ma mère et ils se sont mariés. Ma mère était arrivée en 1905. Mais, le Périgord, il y avait beaucoup de bois certainement, ils pouvaient pas vivre, puis ils ont tenté de s’exiler.
 
-V- C’était pas trop loin.
-Marie-Thérèse- Oui mais c’était quand-même loin… Mais comme ça quoi… Ils devaient avoir des vaches parce que mon grand-père aimait bien les vaches alors ils amenaient un petit peu leurs meubles et puis, sur une charrette et puis voilà.
-Ghislain- À ce moment-là y’avait que des vaches ou des bœufs pour se déplacer.
-Marie-Thérèse- Et on s’est implanté aux Martineaux. Tu as vu le “château” des Martineaux, là-bas en ghaut la première maison dans le virage. C’était une dame qui avait à ce moment-là un peu toutes les terres des Martineaux et ils sont venus domestiques quoi. Voilà. Comment ont-ils trouvé, y’avait pas internet… Ça je peux pas te dire…
-Ghislain- Moi je suis né à Cunèges en Dordogne. J’avais 2 sœurs et 1 frère. Les deux aînés sont morts et y’a plus que Sylvette.
 
-V- Vous êtes tous nés à Cunèges, dans la maison de famille maternelle ?
-Ghislain- Sylvette est née à Margueron. Ils étaient revenus à ce moment-là.
 
-V- Pourquoi revenus ?
-Marie-Thérèse- Ils étaient partis. Le grand-père de Ghislain avait hérité d’une propriété à Cunèges donc ils se sont mariés et ils sont partis à Cunèges. Les aînés Edmond et Hélyette sont peut-être nés à Cunèges… Ou à Margueron ?
-Ghislain- Je n’en sais rien.
 
 
-V- Eux aussi ils avaient des vaches ?
-Ghislain- Bé tu sais y’avait que ça à ce moment-là.
-Marie-Thérèse- Les exploitations n’étaient pas comme maintenant, c’était tout petit, à peu près… Pour vivre quoi. Y’avait des bois, y’avait des friches et on travaillait avec des vaches, on faisait pas comme avec un tracteur.
 
-V- Vous vous êtes rencontré comment tous les deux ?
-Marie-Thérèse- À bicyclette !
-Ghislain- On s’est connu avec les mouvements de jeunesse.
-Marie-Thérèse- Est-ce que vous avez entendu parler de la J.A.C., la Jeunesse Agricole Chrétienne et la J.A.C.F. (note : Jeunesse Agricole Chrétienne des Femmes). Lui il était à la J.A.C. et moi à la J.A.C.F. on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes. (rires)
-Ghislain- Et on s’est rencontré dans les réunions.
 
-V- Vous organisiez quoi dans ces réunions ?
-Marie-Thérèse- Bé tu sais, le théâtre c’est venu de là… Tous les jeunes venaient.
-Ghislain- Y’avait une ambiance de jeunes quoi.
-Marie-Thérèse- Petit à petit, ensuite quand on a été adultes on a continué sur une autre branche mais ça a été l’extension de l’agriculture si tu veux.
-Ghislain- Au début, ça a fait bouger le monde agricole, évoluer.
-Marie-Thérèse- Le mouvement c’était le Centre d’Études Agricoles, CÉTA. On a adhéré, pour étudier les sols, savoir comment cultiver…
 
-V- Vous avez fait cette école ? C’était un centre de formation ?
-Marie-Thérèse- On le faisait sur place. Ils se déplaçaient, ils venaient ici les ingénieurs. Petit à petit. On venait de l’agriculture, jamais on aurait emprunté d’argent mais ils nous ont dit : « Pour quelque chose d’utile, par exemple un tracteur, eh bé il faudrait emprunter pour en avoir un, parce que vous travailleriez mieux. » L’intérieur aussi, faire évoluer pour les femmes.
-Ghislain- Pour faire évoluer l’ensemble quoi.
 
 
 
 
-Ghislain- Je suis arrivé en 47, quand on s’est marié. Moi j’étais de Margueron.
 
-V- Tu as repris l’exploitation ici ?
-Ghislain- J’ai pris ce qu’il y avait ici. Ma belle-mère a partagé ce qu’il y avait, j’ai pris ma part, elle a pris sa part…
-Marie-Thérèse- Parce que mes grand-parents étaient venus mais mon grand-père il avait la bosse des affaires. Alors lui il empruntait aussi, quand il y avait des terres il les achetait donc quand il est mort, mon grand-père avait une petite exploitation, mes parents en avaient une autre aussi. Parce que ma grand-mère était morte et mon grand-père s’est remarié. Ils vivaient ensemble, ils se sont séparé et mes parents sont venus ici avec lui. Il s’était remarié, et chacun a vécu de son côté… Ce que font maintenant les jeunes quoi. Ses parents sont restés où est Sylvette maintenant. Mon grand-père est resté-là bas et puis mes parents sont venus ici.
 
-V- En quelle année il y a eu la cave coopérative ?
-Marie-Thérèse- En 35.
-Ghislain- Je m’y suis mis aussitôt.
-Marie-Thérèse- Mes parents étaient ennuyés, les négociants venaient acheter le vin, ils payaient le plus bas possible. Et les paysans se sont unis pour créer une coopérative. Pour le vin. La coopérative des Lèves.
 
-V- Et tu as participé dès que tu es arrivé ici ?
-Ghislain- Tout de suite, on a continué.
 
-V- Vous étiez nombreux ?
-Marie-Thérèse- Non… Peut-être… Il faudrait retrouver les vieux papiers. C’était pas du tout la même chose que maintenant. Le vieux bâtiment qui ressemble à un château, c’est là où habitait le directeur à ce moment-là. Ils ont creusé, toutes les cuves étaient en sous-sol.
-Ghislain- Moi j’ai suivi l’évolution de la coopérative, j’ai été trésorier pendant un certain temps.
-Marie-Thérèse- Tu es devenu trésorier en 1978. Mais quand il y a plusieurs groupes, tu sais il y a des histoires…
-Ghislain- J’ai jamais eu de problème avec la coopérative. Ceux qui s’en plaignent c’est que peut-être il faudrait qu’il regardent mieux chez eux comment ça marche.
 
-V- T’avais aussi des vaches ici.
-Marie-Thérèse- Faut dire qu’on arrivait à 5 hectares de vignes, peut-être pas… Alors regarde un peu…
-Ghislain- Il y en a une partie qu’il a fallut arracher et replanter… C’était très petit, très petit.
 
 
 
-V- Vous n’aviez pas que le vin.
-Marie-Thérèse- Eh non c’était la polyculture. Y’avait du blé alors les CÉTA faisaient semer des variétés de blé plus adaptées. Et puis petit à petit, les désherbages, les engrais…
-Ghislain- On a fait des essais. Y’a eu des évolutions des traitements, on regardait comment se portaient les bois de vigne, avec la grosseur…
-Marie-Thérèse- On a monté les vignes. Nous avons gelé 6 ans de file, on avait pas de récolte. Alors c’est pour ça que nous avons monté les vignes. En principe, on a arraché un rang sur 2 et remonté les vignes, comme elles sont maintenant. Si elles étaient plus hautes, tu comprends, ça gelait moins. C’étaient des périodes d’essais. Faut continuer à faire des essais.
 
-V- Tout se faisait à la main, y’avait pas de machines à vendanger, les vendanges…
-Marie-Thérèse- Ah c’était très joyeux. Les dernières vendanges que nous avons euent…
-Ghislain- Elles étaient joyeuses oui (rires). On s’est jamais plaint. On avait toujours des jeunes qui venaient de Paris, d’un peu partout. On s’est jamais plaint.
-Marie-Thérèse- On a eu quelques anglais. On a eu un grand anglais, alors ils se trouvait trop grand pour vendanger, il voulait porter la hotte. Parce qu’à ce moment-là on portait la vendange dans les douilles. Et il a fallut que Pierre le suive parce qu’il perdait tout en route. Il est pas resté longtemps d’ailleurs (rires).
Ils étaient entièrement logés, nourris. Mais là on avait un peu plus de vignes aussi, on avait agrandi. C’était des étudiants alors tu sais y’avait de l’ambiance.
 
-V- Qui faisait les repas ?
-Marie-Thérèse- C’est moi. Je faisais le repas. Mais ils étaient vraiment… Superbes, quoi !
 
-V- Et les pruniers vous avez commencé à en planter quand ?
-Marie-Thérèse- Y’a toujours eu des pruniers sur l’exploitation. Y’en avait une vingtaine.
-Ghislain- J’ai commencé en haut là-bas avec des plants qu’avaient fait Rebeyrol là, Paul. Une quinzaine, puis après je les ai arraché.
-Marie-Thérèse- Dans les années 60. Maintenant y’en a pas tellement, y’en a que 7 hectares.
 
-V- Et les moutons ?
-Marie-Thérèse- Oh c’est arrive tard. Pierre travaillait mais on avait pas d’argent pour le payer alors il s’est pris des moutons, il aimait les bêtes. Puis ça s’est agrandi. Là il avait une quarantaine de mères. Il s’était monté une bergerie dans l’ancienne grange. Quand on avait plus les vaches. Parce qu’on a fait des poules aussi. Des poules pour l’œuf.
 
 
-V- Vous vendiez le vin à la coopérative, et pour le reste ?
-Marie-Thérèse- Les grains on les vendait aussi à la coopérative de pain qui était à Sainte-Foy et puis les œufs… On avait 500 poules.
Ghislain a tout organisé, il faisait des mangeoires, c’est lui qui a tout fait. Il travaillait la journée puis la nuit, le soir… Alors on avait les poussins d’un jour, qu’on élevait et ensuite, on les prenait en février, et au mois d’octobre on ramassait les œufs et on les expédiait sur Bordeaux. Y’avait monsieur Mourin à ce moment-là qui était camionneur à Riocaud et qui, en passant, nous prenait des caisses d’œufs.
 
-V- Ça rapportait ?
-Marie-Thérèse- Les premières années oui, après non. Parce que la farine était à 16 centimes quand on a commencé. On les nourrissait à la farine. Et 10 ans après la farine était passé à 1 franc 16… et bé les œufs n’avaient pas augmenté. Alors finalement on a arrêté.
-Ghislain- On a tout lâché.
-Marie-Thérèse- Parce qu’avant on avait les vaches. On était aussi en coopérative laitière. Mais on avait pas un gros troupeau. On avait 14 vaches.
-Ghislain- C’était pour vivre c’est tout, pour arriver à vivre normalement. Et la coopérative laitière a fait faillite.
 
-V- Elle était où ?
-Marie-Thérèse- Bé à Sainte-Foy aussi. Il l’apportaient dans des fromageries. C’était dans les années 50.
-Ghislain- Oui, Toulouse, sur le Nord aussi. C’était les camions qui passaient.
-Marie-Thérèse- Alors quand elle a fait faillite, comme Ghislain avait été administrateur… Gentiment, quand on fait faillite, y’a des trucs à payer et nous on nous en a mis à payer. On était fauchés comme les blés et il a fallut payer.
-Ghislain- Mais à ce moment-là faut dire que le greffier était plus souple que maintenant.
-Marie-Thérèse- Il était très souple mais… Il nous a fait tout payer.
-Ghislain- Souple mais strict…
-Marie-Thérèse- Et on a arrêté on savait plus où aller. Le laitier ne passait plus.
 
 
-V- Vous avez déjà pris des vacances ?

-Ghislain- Ouh, moi non jamais. Elle y est partie par force mais moi jamais.
-Marie-Thérèse- Je suis partie 3 semaines en 58 pour aller dans les Pyrénées. Parce que je suis restée 1 mois sans pouvoir ni dormir ni m’asseoir. J’en pouvais plus, je m’étouffais, j’avais des crises d’asthme, de la bronchite. Un ami m’a dit : « Mais je connais quelqu’un dans les Pyrénées vous allez y aller. »
Les Pyrénées Orientales. J’avais 28 ans.

 
-V- Vous aviez déjà des enfants ?
-Marie-Thérèse- Et bé, j’attendais la sixième. J’ai amené Pierre, parce qu’il grandissait pas beaucoup, il était fatigué alors voilà. Il pouvait profiter de ça. J’étais enceinte de Nadette. De 3 mois. Arrivée là-bas je marchais, alors que, je te dis, ici je pouvais plus… Jamais j’étais partie.
 
-V- Tu es partie comment ?
-Marie-Thérèse- En 2 CV. Pour aller après Andorre. C’était une amie qui m’avait emmené et puis Patrick aussi parce que pour revenir…
 
-V- Pour tes 6 enfants tu as accouché dans la maison ?
-Marie-Thérèse- Oui.
 
-V- Ça c’est bien passé ?
-Marie-Thérèse- Ça s’est passé ! À la maternité on dit qu’au bout du troisième il peut y avoir, on sait pas trop, des complications. Et moi, Pierre, dix jours après il est arrivé. Après le terme. C’était long hé… J’avais la sage-femme.
 
-V- Et toi Ghislain, tu as assisté aux accouchements ?
-Ghislain- Oui, toujours. Dans la chambre là.
-Marie-Thérèse- On avait une amie sage-femme Yvette Lopez.
-Ghislain- Chaque fois je suis allé la chercher en bicyclette. Elle venait de Gensac.
-Marie-Thérèse- J’ai eu toujours la chance. Elle venait la veille. Elle était gentille, elle savait. Patrick était prématuré. Pas beaucoup mais 3 semaines et il était pas… il faisait 1kg600. Maintenant on sait ce que c’est. Il devenait tout noir. Alors chaque fois qu’on l’attrapait. Il a fait ça pendant 8 ou 10 jours alors on s’inquiétait. Mais c’était la respiration. Les poumons étaient pas assez développés. Mais elle a été formidable, c’est elle qui a tout fait. Elle l’a enveloppé dans du coton hydrophile.
 
-V- Ils sont allé à l’école aux Lèves ?
-Marie-Thérèse- Patrick et Marie-Céline ont commencé à Riocaud et puis ensuite on a organisé des parcours. Ils sont partis à l’Angalerie (note : école catholique privée de Sainte-Foy), en taxi, on a organisé la première année, il étaient 8. Après y’a eu des cars. Finalement on était à la naissance des transports scolaires. L’Angalerie et Anglade pour les garçons, bien sûr on mélangeait pas les garçons et les filles.
 
 
-V- Y’avait des fêtes pour la fin des récoltes ?
-Marie-Thérèse- À la fin des vendanges y’avait des fêtes dans les villages. Le feu de la Saint-Jean… 18 enfants dans le village. Aux Martineaux, c’était vivant.
 
-V- Y’avait des bals ?
-Marie-Thérèse- Oui mais j’y suis pas allé longtemps. C’était la guerre jusqu’en 45. Y’avait pas de bals à ce moment-là. On allait à Riocaud mais on était à pied hé !
 
-V- Et pendant la guerre à Lafosse…
-Marie-Thérèse- C’était un gars qui dénonçait qui vivait au château Lafosse. Il avait entrepris de “réformer” Riocaud. Il venait de Paris et il avait organisé ça. Tout le monde avait des vaches ou autre, y’avait pas de tracteur du tout. Les femmes allaient travailler dehors. Il avait mis une sirène, à 11h20 les femmes partaient de la vigne pour faire le repas et à 11h et demi c’était les hommes. Fallait y aller. Il avait trouvé ce filon et il devait toucher quelque chose chaque fois qu’il y avait quelqu’un qui était pris. La guerre dans le coin, tu sais… Ici on a eu les soldats. Ils sont arrivés ici en juin 40. On avait 60 soldats dans le village. Des réfugiés du Nord aussi. Les Duquesnois.
 
-V- Vous avez accueilli des gens chez vous ?
-Marie-Thérèse- Oui, on a gardé les parents de la famille Mabille. Les grand-parents sont venus ici. On était pas encore mariés. Et après on a eu des soldats français. C’était la débâcle.
-Ghislain- Moi la débâcle je l’ai vu à Margueron là-bas. Tous les gens du Nord je les ai vu passer sur la route. On était à côté là.
 
-V- Il y a un soldat qui avait chuté du balcon non ?
-Marie-Thérèse- De la fenêtre en ghaut, c’était un soldat français. Il avait un peu bu, il est passé par la fenêtre, la nuit. Je sais pas combien de temps ils sont resté ici. Ils se nourrissaient tout seul, y’avait la cantine, ils étaient dans une vieille maison.
 
 
-V- Et vous avez vu le tsunami… Enfin, la grande vague aux Lèves ?
-Marie-Thérèse- … L’inondation ?
-Ghislain- Depuis là je voyais les bottes de paille qui passaient là, y’avait moins d’arbres aussi. C’est monté à peu près à moitié côte.
-Marie-Thérèse- Quand vous allez à Duras, la route de Riocaud et après y’a un village, les Rambeaux, et la maison qui est tout à fait au bord du ruisseau à gauche, les grand-parents étaient tous seuls, les enfants étaient dans les vignes ou je sais pas où et bé ils se sont sauvés en montant sur l’évier. Ils sont resté pendant 2 heures. L’eau arrivait. Il avait beaucoup plu c’est le touron à Lafosse précisément qui a inondé. C’est une grosse source, c’est souterrain. Il avait beaucoup plut, beaucoup d’orages, en juin les terres étaient saturées d’eau. Et puis alors là, l’orage, dans un quart d’heure… 20 minutes ça a duré. En ghaut de la côte, les pompiers sont arrivés avec un bateau, et sont descendus chercher chez Javourez. Nous on avait juste des gouttières. le 9 juillet 77. Alors chez Javourez, les pompiers les ont ramenés ici et nous y sommes partis le lendemain matin avec eux et le frigo était sur la table, pour vous donner une idée. Alors tu vois, l’eau était passée partout. C’est passé très vite. Ils arrivaient de la Seine et Marne, en 72, les Javourez.
 
-V- Vous avez des bois aussi ?
-Marie-Thérèse- L’hiver Ghislain allait couper de la bruyère dans les bois pour faire la litière des vaches. Avec la faux. Il nettoyait tout, il coupait les patocs. Ça correspondait à un fagot.
-Ghislain- Et quand tu avais fait 100 patocs, t’avais gagné ta journée, je te le dis moi. À la faux on faisait trois petits amas, on les mettait l’un sur l’autre, on appuyait un coup de pied dessus avec la faux, on le laisser tasser et puis on le rentrait après au printemps. On faisait ça l’hiver.
-Marie-Thérèse- On s’arrêtait jamais.
 
 
 
 
-Marie-Thérèse- Ce qu’on a eu qui était très intéressant aussi c’est que ceux qui allaient en vacances au mois d’août, ils passaient nous voir. Alors on avait des amis qui passaient. C’est comme ça qu’on a connu les bretons. À ce moment-là aussi y’a eu les maisons d’accueil. Les gens qui avaient des vacances, dans les usines, partout, n’avaient pas souvent les moyens de s’en payer alors ils pouvaient pas partir, ils ne savaient pas où aller. Alors il s’est organisé des maisons d’accueil, des vieilles maisons qui s’arrangeaient, qu’on nettoyait, où ils vivaient. Ils vivaient plus dehors que dedans, on leur mettait des lits, y’avait un gaz… Le minimum quoi. Et ils étaient ravis de venir là. C’est le début des gîtes, mais c’est pas luxueux. On ne l’a pas fait ici mais à Margueron. Les Grossards, chez Lavergne, c’était là le premier gîte.
 
-V- Vous n’êtes pas partis ensuite ?
-Marie-Thérèse- Dans les années 80, on est parti 3, 4 fois, en vacances.
-Ghislain- Quand je suis rentré d’Allemagne, on avait un groupe S.T.O., on se voyait tous les ans au mois de juin, mais pas avant les années 80.
 
-V- Vous alliez souvent à Sainte-Foy ?
-Marie-Thérèse- On allait faire nos courses puis c’était tout quoi. En vélo, hé té bien sûr. On avait le porte bagages et on portait ce qu’on pouvait. Mais on avait des épiceries dans le coin.
-Ghislain- À Riocaud, à Margueron…
-Marie-Thérèse- À Riocaud y’avait deux épiceries, une boulangerie.
Les camions passaient, un épicier des Lèves.
 
-V- Et le marché à Sainte-Foy ?
-Marie-Thérèse- Ah oui, on allait vendre, quand on avait quelques lapins… La foire du 20 mars, la foire du 20 novembre, ah oui, ça on aimait ça. C’était la seule distraction.
 
 
 
-V- Vous avez une petite expression originale à nous dire ? Quand vous vous mettez en colère…
-Ghislain- Moi je me rappelle pas me mettre en colère, qu’on se fâche un peu mais vraiment me mettre en colère, non.
-Marie-Thérèse- Tu t’es jamais mis en colère ?
-Ghislain- Non.
-Marie-Thérèse- C’est bien. T’entends Nadette ? Tu t’y mets très vite en colère.
-Ghislain- Je suis pet’sec mais après ça va.
 
29 septembre 2016, Les-Lèves-et-Thoumeyragues